vendredi 25 juin 2010

Algérie : Les raisons de l’échec

Trois matches, deux défaites, l’Algérie est éliminée de la Coupe du monde 2010. Un bilan chiffré limite mais de bonnes choses à retenir : un groupe soudé, un gardien de qualité devant une défense solide... Reste plus qu’à trouver "l’oiseau rare", un attaquant capable de lui donner une autre dimension.


L’Algérie voulait y croire. Dans un groupe qui n’avait rien d’insurmontable (Angleterre, Etats-Unis, Slovénie), la Khadra semblait avoir ce qu’il fallait pour décrocher l’un des deux billets qualificatifs pour le second tour de cette première Coupe du monde africaine. Raté, les Fennecs rentrent à la maison la queue entre les jambes : trois matches, un point, zéro buts marqués, deux encaissés.

Sur le papier du moins, le bilan est maigrichon. Sur le terrain, par contre, c’est une autre paire de manches. "On a perdu un match mais on a gagné un gardien", titrait Le Buteur au lendemain de la défaite éliminatoire face aux Etats-Unis (1-0). Nos confrères ont bien raison : Rais M’Bolhi a su profiter de la blessure et des errements de Faouzi Chaouchi pour s’installer avec assurance au poste de numéro 1. Bien en à pris à Rabah Saâdane d’instaurer ce jeune gardien d’origine congolaise. 180 minutes durant, Anglais et Américains sont venus s’écraser sur le mur du Slavia Sofia.

M’Bolhi adoubé

Mieux, débarqué en quasi-inconnu, l’ancien Marseillais a été adoubé par ses pairs. Mehdi Cerbah, le gardien de l’EN lors de la Coupe du monde 1982 est élogieux : "Il joue simple et ne se pose pas vraiment trop de questions. Il défend bien sa cage et ne prend pas trop de risques. Il a le profil d’un grand gardien de but et je le vois comme étant le gardien d’avenir de notre sélection." El Watan ne disait pas autre chose : "Les Verts sont passés à côté de la plaque, voire ont échappé à la raclée. N’était l’héroïsme de M’Bohli, excellent hier, l’équipe d’Algérie aurait égalé la déroute de la Corée du Nord ou de sa voisine sudiste."

Autre point positif : la défense. Madjid Bougherra-Rafik Halliche-Antar Yahia, c’est l’assurance tout risque des Verts. Durs au mal, solides et accrocheurs, les défenseurs algériens forment "une base solide", a en croire le capitaine des Fennecs, ce qui le rend "optimiste pour l’avenir". Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher les raisons de l’élimination. Le milieu de terrain était tel qu’on l’attendait. Solide dans les phases défensives, un peu trop gourmand dans les phases offensives. Zéro but en trois matches : pas difficile de savoir où le bât a blessé durant ce Mondial. "On critique l’efficacité mais il faut reconnaître que l’Algérie ce n’est ni l’Argentine, ni le Brésil, on n’a pas de Lionel Messi...", admet Yahia. Certes, le talent individuel a fait défaut aux avant-postes. Mais le système très frileux mis en place par le sélectionneur Rabah Saâdane -un milieu de terrain très reculé laissant le ou les attaquants trop esseulés- est aussi en cause. L’Algérie ne dispose pas d’un tueur devant, un David Trézéguet ou un Didier Drogba qui pourrait finir les actions. "On a des joueurs de qualité en défense et au milieu. Maintenant, il faut se mettre à la recherche des oiseaux rares en attaque. Nous avons beaucoup travaillé mais ce travail n’est pas récompensé. Il nous a manqué l’efficacité et la réussite que les Etats-Unis ont eue", affirmait même le Cheikh après la rencontre.

Manque d’ambition

Car, durant cette Coupe du monde, l’Algérie a indéniablement manqué d’ambitions. Face à une équipe d’Angleterre aussi médiocre, les Fennecs n’ont quasiment rien eu à se mettre sous la dent. Le pauvre David James, pourtant pas le meilleur gardien du plateau, n’a jamais été véritablement inquiété. Certes, les hommes de Rabah Saâdane ont imposé leur jeu mais, peu importe le pedigree, face à une équipe anglaise aussi pauvre, ils se devaient de l’emporter.

Tant pis, 24 ans après, l’Algérie n’a pas à rougir de sa participation à la Coupe du monde. Il y a eu certes des insuffisances mais pas mal de satisfactions. Les Algériens, comme à leur habitude, n’ont jamais abdiqué. Même au plus mal, lorsque leur infirmerie affichait complet ou que Rabah Saâdane retirait maladroitement le brassard à Yazid Mansouri, à quelques jours du coup d’envoi de la Coupe du monde. La Khadra a une âme et dispose d’un effectif jeune. Sa moyenne d’âge ne dépasse pas 25 ans. De bon augure pour 2014 ? Une chose est sûre, ce sera sans Rabah Saâdane, l’homme des qualifications pour le Mondial…

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