jeudi 8 juillet 2010

Cette Allemagne qui ne gagne plus


Eliminée en demi-finale du Mondial par l'Espagne, l'Allemagne n'a plus rien gagné depuis l'Euro 1996. Si la jeune génération est très talentueuse, elle semble encore un peu tendre pour remporter une grande compétition internationale.



Deux demi-finales perdues d'affilée
«Le football est un sport qui se joue à onze contre onze et à la fin, c'est toujours l'Allemagne qui gagne». Cette déclaration de Gary Lineker a longtemps pris tout son sens tant la Mannschaft a souvent été le cauchemar de bien des équipes. La France, éliminée deux fois en demi-finale de Coupe du Monde, est la mieux placée pour en parler. Mais, depuis quelques années, la sélection allemande ne sait plus aller au bout. Toujours bien placée dans les grandes compétitions internationales, mais jamais gagnante, l'Allemagne a perdu ce qui faisait sa force : une confiance inébranlable. Sur les 5 derniers évènements majeurs, la Mannschaft a trébuché à 4 reprises sur les derniers obstacles. Finales perdues lors de la Coupe du Monde 2002 et de l'Euro 2008 et deux éliminations en demi-finales lors des Coupe du Monde 2006 et 2010. Un bilan qui en ferait saliver plus d'un mais pas la bande à Löw qui espérait tant : «Pour nous, c'est une énorme déception» a-t-il lancé, fataliste.

Il convient alors de se demander pourquoi cette Allemagne, si prometteuse dans le jeu, ne parvient plus à s'imposer. Ce n'est assurément pas une question de talent. La jeune génération des Müller, Ozil et Khedira a su retourner l'opinion publique. Car il faut bien l'avouer, la Mannschaft n'a jamais fait rêver les amateurs de beau jeu. Elle a toujours été redoutée et crainte, mais jamais admirée et encore moins aimée. En Europe, le football néerlandais ou français est celui qui a le plus souvent été cité en exemple. Mais après les démonstrations collectives face à l'Angleterre (4-1) et l'Argentine (4-0), l'Allemagne est soudain devenue une ambassadrice du jeu offensif. La meilleure attaque du tournoi (13 buts) a finalement perdu l'essentiel, le petit truc indispensable pour gagner une Coupe du Monde : l'expérience. Le groupe allemand, qui peine à atteindre les 25 ans de moyenne d'âge, a déploré au dernier moment le forfait de Michael Ballack. Qui sait ce que l'Allemagne aurait fait avec le joueur de Chelsea dans ses rangs…

L'avenir s'annonce radieux
«Cette génération a un bel avenir devant elle. Dommage que nous n'ayons pas été épargnés par les blessures. Maintenant, il faut continuer à travailler ensemble pour aller encore plus loin», a souligné Bastian Schweinsteiger. Car, c'est vrai, pour leur défense, les Allemands étaient privés pour cette demi-finale de leur meilleur joueur depuis le début de la compétition, Thomas Müller, suspendu pour avoir récolté contre l'Albiceleste un carton jaune suite à une main loin d'être volontaire. Si Joachim Löw est resté vague sur son avenir : «En ce qui concerne la question de l'entraîneur, on en discutera après le tournoi», a-t-il rappelé, celui de l'équipe allemande s'annonce tout de même des plus florissants. «Cette jeune équipe a emmagasiné beaucoup d'expérience, c'est important pour ces jeunes en vue des prochaines échéances», a souligné Miroslav Klose, le vétéran de cette équipe.

«On peut être très content du football pratiqué durant ce tournoi et en particulier de notre style de jeu», a renchéri Löw. Un style de jeu emprunt d'une touche anglaise, espagnole et italienne. «J'ai vu beaucoup de football international. Je me suis imprégné de tout ça et j'en ai emprunté beaucoup d'aspects», avait-t-il expliqué à deux jours de la demi-finale. Le jeu allemand est en fait un mix entre l'engagement à l'anglaise, la fluidité de passes à l'espagnole et la rigueur défensive italienne. Si Joachim Löw rappelle que «ce n'est pas facile pour un entraîneur, on a peu de temps avec l'équipe nationale», il met en exergue les ingrédients pour en arriver là : «La passion, la volonté, l'engagement sont les conditions de base pour survivre aujourd'hui dans le football international». Prochaine échéance pour le football allemand : se qualifier pour l'Euro 2012. La jeune génération aura quelque peu mûri. De quoi nourrir de sérieux espoir de voir la célèbre expression de Lineker revenir au goût du jour.

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